Dialogue social 4B AG

Dialogue social : l'expérience d'une entreprise suisse

De Revue Dirigeants chrétiens

Le vendredi 16 février 2024

Directeur régional pour la Suisse romande de l’entreprise 4B AG, spécialiste de la conception de fenêtres et de façades, Frédéric Figuet dirige une équipe d’une cinquantaine d’employés, entre Lausanne et Genève. Ce groupe familial a fait de la communication en interne l’un de ses piliers, une manière de nourrir le dialogue social. Le quinquagénaire tente de mettre en place un management participatif au sein de ses effectifs, éclairé par la découverte de la pensée sociale chrétienne. Ce qui n’est pas forcément toujours simple au quotidien…

« Le dialogue social s’inscrit dans une démarche générale de concertation au sein de l’entreprise »

Pour parler du dialogue social, la revue Dirigeants chrétiens a donc rencontré le dirigeant d’une entreprise suisse. Cela fait près de cinq ans que Frédéric Figuet a rejoint 4B AG, une entreprise fondée en 1896 par Heinrich Bachmann, et dirigée aujourd’hui par la quatrième génération de cette famille originaire de Suisse allemande, dont le siège est basé à Hochdorf, dans le canton de Lucerne. « Nous sommes numéro un de la fabrication de fenêtres bois-métal en Suisse » précise l’intéressé, qui dirige 4B AG pour la partie suisse romande.

Le dialogue social a reposé sur une communication interne très développée

Quand on aborde avec lui la question du dialogue social, il reconnaît que, dans son entreprise, ce dernier est plutôt apaisé, grâce notamment à une communication interne très développée : « 4B AG existe depuis plus de cent vingt-cinq ans et est toujours détenue par la même famille, cela permet d’avoir une vraie proximité et de vrais échanges avec le conseil d’administration. Ensuite, il y a une vraie transparence sur le rôle et les tâches de chacun. Par exemple, tout le monde a accès à l’agenda de tout le monde. Le simple technicien peut consulter l’emploi du temps du CEO ! Cela aide au dialogue social, car chacun sait quand les personnes sont disponibles. »

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Un élément de la culture d’entreprise : la « communication d’égal à égal »

Autre élément intégré dans la culture d’entreprise, « la communication d’égal à égal ». « Cela fait partie de notre ligne directrice et c’est vraiment vécu par tous les employés. Le tutoiement est une règle, du haut en bas de l’échelle. Le principe est que chacun peut dire ce qu’il a à dire à tout le monde. Il y a bien sûr une hiérarchie, certaines décisions sont prises par la direction et doivent s’appliquer, mais il y a toujours cette possibilité de discuter et de donner son avis… »

La subsidiarité, autre moteur du dialogue social

Frédéric Figuet met en avant également la subsidiarité : « Nous avons une vraie autonomie dans le travail, cela s’est construit avec les salariés, après avoir fixé ensemble les prérogatives et les limites de chacun. Par exemple, un salarié décide comment il veut réaliser la tâche qu’il a à faire. Mais si cela dépasse son cadre de compétences, cela passe au supérieur hiérarchique. » De même, l’entreprise offre à ses effectifs une grande flexibilité dans l’organisation de sa journée de travail. Chacun est libre d’effectuer ses heures comme il le souhaite dans une plage horaire fixée entre 6 heures et 20 heures.

La crise sanitaire aussi a apporté ses évolutions, notamment en ce qui concerne le télétravail.

« Lors du confinement, nous avons dû imposer le « home office », comme bon nombre d’entreprises. Mais à la fin du « lock-down », nous avons pérennisé cette manière de fonctionner. » Là encore, la consultation des salariés a débouché sur la mise en place d’un protocole d’accord assez souple : « Ceux qui ne souhaitaient pas travailler chez eux viennent au bureau tous les jours. Pour les autres, ils peuvent continuer le télétravail à raison de deux jours par semaine maximum. Pour cela, ils s’engagent à avoir une pièce dédiée à leur domicile, ainsi qu’une connexion internet. » En contrepartie, l’entreprise les dédommage financièrement pour les frais engendrés. « C’est symbolique, mais c’est le résultat d’un vrai dialogue social ! »

Dialogue social et temps dédié aux échanges

De son côté, Frédéric Figuet a mis en place des mécanismes pour faciliter encore plus les échanges au sein de ses équipes : « Nous appelons cela des jours fixes. Chaque semaine, je bloque un créneau d’une demi-heure dédié à mes chefs de service. Pendant ce temps hebdomadaire, ils savent que je suis disponible pour discuter. » Difficultés de recrutement, tensions entre salariés, mais aussi méthodes de montage, aménagement des postes de travail ou de la cafétéria… « Tous les sujets qu’ils jugent important sont abordés. Chaque responsable a également ce type de rendez-vous récurent avec son équipe, cela permet de faire remonter les infos depuis la base. » Ce genre de procédés est plébiscité par les salariés.

La qualité du dialogue social est primordiale pour le bon fonctionnement de l’entreprise

« La qualité du dialogue social dans une entreprise est primordiale à son bon fonctionnement, c’est même un vrai argument de pérennisation des équipes, mais aussi de recrutement. Notre équipe en Suisse romande est en pleine expansion, et parmi les candidats que je rencontre, explique-t-il, la plupart ne postulent pas seulement pour trouver un nouveau job ou une meilleure fiche de salaire, mais aussi pour trouver une collaboration dans laquelle l’écoute et les discussions avec leur hiérarchie sont possibles. »

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L’apport de la pensée sociale chrétienne

S’il s’appuie volontiers sur sa foi et sur la pensée sociale chrétienne, qu’il a découverte au sein de son équipe EDC, Frédéric Figuet reconnaît que cela peut parfois être complexe : « En tant que chrétien, je ne peux qu’être sensible à la subsidiarité, la solidarité ou la dignité… Quand l’un de mes collaborateurs est en difficulté, à cause de raisons personnelles, familiales ou professionnelles, j’essaie de l’aider et de l’accompagner. Mais sa situation peut jouer sur la qualité de son travail et ce sont ses collègues qui vont devoir compenser. Cela peut être mal vécu par les autres et créer des tensions. Il faut donc savoir trouver le bon équilibre et se poser des limites. »  C’est ce cheminement que le dirigeant, pas à pas, tente de poursuivre.

Un article de G. Demouveaux extrait de la revue Dirigeants chrétiens n°119

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