Qu'est ce que le discernement ?

Qu'est-ce que le discernement ?

De Les EDC

Le jeudi 23 mars 2023

Le discernement est une aptitude spirituelle qui ne s’acquiert que lentement, au prix d’un long cheminement. L’aide de quelqu’un de plus expérimenté pourra être la bienvenue pour nous aider à voir clair en nous. Le discernement consiste à apprécier la valeur positive ou négative de ce qui occupe notre esprit et notre cœur, de ce qui nous agite intérieurement. Ignace parle à ce propos de « motions », un mot qui nous renvoie au movere latin et qui signifie « mettre en mouvement ».

Le discernement passe par l’analyse des mouvements qui nous agitent

Les « motions » ou mouvements de l’âme sont ce qui me meut et m’émeut, ce qui me pousse en avant, me dynamise ou au contraire me ralentit, me paralyse, ce qui me laisse dans la paix ou me met en joie, ce qui, au contraire, provoque en moi réactions superficielles ou profondes, passagères ou durables. Le discernement consiste à arriver à distinguer peu à peu l’origine et par là-même la valeur de ce qui m’habite.

Beaucoup de ces mouvements étant d’ordre naturel, les analyser relèverait-il de la simple psychologie plutôt que du discernement ?

Il est des réactions d’ordre proprement physiologique, très liées au tempérament de chacun, à l’état de santé du moment. Il y a des personnes solides et des personnes fragiles. Il en est qui aiment franchir les obstacles, d’autres que les difficultés abattent. Il y a des dynamiques, il y a des lymphatiques. Le même homme peut se sentir en pleine forme certains jours et abattu d’autres fois. Ces impressions n’appellent aucun jugement de valeur. Car si je peux me réjouir d’être dynamique, je ne peux en tirer gloire. Et si je peux déplorer d’être dépressif, je n’ai surtout pas à me le reprocher.

Il est des réactions d’origine affective, dépendantes des circonstances !

Le soleil et l’éveil du printemps entraînent la bonne humeur. Un ciel gris, une pluie persistante sont facilement déprimants. Il est aussi des environnements qui parlent au cœur : un groupe amical, chaleureux, une foule délirante, un cadre grandiose qui suscitent facilement l’admiration voire l’enthousiasme. Un amateur d’orgue ou de musique sacrée, dans l’immense nef d’une cathédrale gothique ou l’austère beauté d’une église cistercienne, peut éprouver une émotion esthétique intense qu’il ne faut pas identifier trop vite à une expérience spirituelle.

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Ce qui est vécu par les sens peut mener à une authentique expérience spirituelle

Il est pareillement des satisfactions d’ordre intellectuel qui tiennent à la richesse des idées exposées, à la qualité de l’expression, à la voix de l’orateur, qui ne sont pas nécessairement des « motions » au sens précis où l’entend Ignace de Loyola. Dire cela, ce n’est pas nier l’importance de l’émotion sensible, de la satisfaction intellectuelle. Elles sont souvent le chemin qui mène à une authentique expérience spirituelle. Ils sont nombreux les jeunes et les adultes pour qui la fréquentation d’un groupe de prière a été l’occasion d’une véritable conversion. D’autres ont trouvé dans un enseignement biblique suivi une lumière qui les a conduits à Dieu. Pour beaucoup, la ferveur contagieuse des foules de Lourdes, de Paray-le-Monial ou de Taizé, aura été l’occasion d’une véritable approche de Dieu.

Savoir distinguer les appels de Dieu des suggestions de Satan

Mais il est des mouvements intérieurs, des appels très personnels, pressants parfois, discrets le plus souvent, qui viennent du plus profond de nous-mêmes, là où s’affrontent en nous l’Esprit de Dieu et l’esprit du mal. Car là où Dieu agit avec intensité, l’ennemi aussi se manifeste, parfois avec violence. Ces « motions intérieures » mettent en cause notre façon d’agir dans la vie familiale ou professionnelle, suggèrent tel projet, telle initiative, ou tel désistement, tel abandon. C’est alors qu’il faut être attentif, qu’il faut faire preuve de discernement.

C’est alors qu’il faut être attentif, qu’il faut faire preuve de discernement.

Je préfère laisser parler ici un auteur spirituel : « La voix de Dieu, on veut qu’elle soit claire et elle ne l’est pas. Elle ne l’est pas, car elle peut être claire pour les sens. Mais elle est profonde, très subtile, inexplicable. Elle ne résonne pas dans les oreilles, ni dans notre esprit, mais plus profond, là où il habite, au plus profond de l’homme. L’appel n’est pas superficiel et c’est pourquoi il n’est pas clair. Car nous avons coutume de vivre à la surface de nous-mêmes, là où nous communiquons par la parole avec les autres, mais l’appel est profond car Dieu habite au fond de l’être. Et sa voix est un silence. »

Dieu a quelque chose à nous demander

Le discernement passe par écouter Dieu. Si Dieu nous parle, c’est qu’Il a quelque chose à nous demander, quelque chose à changer dans notre vie : une initiative à prendre, un renoncement à opérer. Ces invitations de l’Esprit, tout comme les suggestions de Satan, sont appels à notre liberté. Nous avons la possibilité de les accueillir, d’y donner suite ou de les refuser. Faut-il encore être capable d’en discerner l’origine, ce qui suppose attention et clairvoyance.

Le "malin" a l’art de tout embrouiller !

Ce n’est pas sans raison que Satan est appelé « le malin ». Saint Jean nous dit qu’il est « menteur et père du mensonge ». Il a l’art de tout embrouiller, de nous égarer, de faire illusion, l’illusion suprême consistant à nous persuader qu’il n’existe pas. Il est capable même, nous dit saint Paul, « de se déguiser en ange de lumière » et de nous suggérer excuses faciles et justifications habiles. Alors face à telle promotion flatteuse qui m’est proposée, à tel projet qui m’habite depuis quelques temps, je dois me demander s’il favorise ou non ma marche vers Dieu et le service des hommes et des femmes qui me sont confiés.

Avec le discernement, on réfléchit avant d’agir !

Dans une situation conflictuelle, à la suite d’une décision du conseil d’administration, d’une grève qui menace, je devrai me demander comment réagir. Plus que jamais, le discernement, c’est réfléchir devant Dieu, devant sa conscience avant d’agir. Une autre fois, il s’agira d’accepter ou non un marché avantageux mais à des conditions moralement douteuses, ou bien d’envisager une promotion au sein du groupe au prix d’un déplacement à l’étranger et d’absences prolongées qui ne seront pas sans conséquences pour ma vie de famille.

Le discernement est nécessaire à celui qui mener une vie morale, chaque jour.

Discerner, faire preuve de discernement, c’est vivre sa vie professionnelle et sa vie familiale sous le regard de Dieu. C’est peser le bien-fondé de nos décisions, de nos choix. C’est mesurer la valeur de mes réactions spontanées et de mes jugements habituels sur les personnes et les événements. La prière du chef d’entreprise sera souvent un exercice de discernement.

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