Ecodair

« Pour déployer Ecodair, j’ai accepté de me mettre au service. »

De Revue Dirigeants chrétiens

Le mardi 1 juin 2021

Fondée il y a une quinzaine d’année, Ecodair vend les ordinateurs reconditionnés aux particuliers mais aussi aux associations et aux collectivités. Avec des prix très attractifs, Ecodair participe ainsi à la réduction de la fracture numérique en France. Cette structure associative regroupe quatre entreprises, un chantier d’insertion et un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) basés en région parisienne, à Marseille et depuis le début de l’année à Lyon. Directeur général d’Ecodair depuis fin 2018, Étienne Hirschauer a quitté le monde de l’entreprise « classique » pour celui de l’économie sociale et solidaire. Un choix longuement réfléchi et une manière pour lui d’expérimenter cette liberté de dirigeant…

Ecodair, une entreprise de reconditionnement de matériel informatique

Chaque année, Ecodair recycle et reconditionne près de 500 tonnes de matériel informatique Les locaux d’Ecodair se trouvent dans la zone d’activité parisienne Cap 18, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. C’est ici que se trouve l’une des antennes d’Ecodair, une start-up associative œuvrant dans le domaine informatique. La demande a été particulièrement importante à la suite du premier confinement. Conséquence de la crise sanitaire : avec l’essor du télétravail, les besoins en ordinateurs ont explosé.

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La reprise de cette entreprise atypique n'a pas coulé de source...

Issu du monde de l’entreprise « classique », c’est un peu par hasard qu’Étienne Hirschauer s’est retrouvé à la tête d’Ecodair et de ses 150 salariés. « La première fois que le créateur d’Ecodair m’a proposé de reprendre les rênes de cette entreprise atypique, j’ai d’abord refusé. J’ai été pris dans ce balancier, entre ce fort enthousiasme à reprendre cette structure écologiquement et socialement responsable… Et de l’autre il y avait cette idée de me retrouver dans un domaine et un registre que je ne connaissais pas. »

L’indépendance : moteur du dirigeant d’Ecodair

Étienne Hirschauer avoue que c’est en partie pour étancher sa soif d’indépendance qu’il s’est lancé dans l’entrepreneuriat : « Devenir entrepreneur relevait pour moi d’un besoin farouche de liberté. J’ai très vite compris que je ne voulais dépendre de personne. Mais c’est selon moi le premier échelon de cette liberté, qui est puérile et instinctive… » Pourtant, le patron d’Ecodair réfléchit également à la notion de service. « Dans servir, il y a cette idée de servitude et j’ai l’impression que, de fait, on s’éloigne de la liberté. Quand on y pense, cette liberté n’existe pas, car on dépend énormément des autres. A travers mon expérience d’entrepreneur, je me rends compte que certes, je porte un projet, mais je suis au service des personnes avec lesquelles je travaille. Pour réussir à déployer Ecodair, j’ai accepté de me mettre au service. Sans les autres, je ne suis rien ! »

« C’est le Seigneur qui fait de nous des hommes libres »

Selon Étienne Hirschauer, la liberté n’est pleine et entière qu’à travers le Christ. « C’est le Seigneur qui fait de nous des hommes libres et nous appelle à cette liberté. Il existe de nombreuses choses qui font de nous des esclaves, comme l’envie de réussir, d’être reconnu, de gagner de l’argent… Ces choses sont toutes bêtes mais viscérales pour l’être humain. Elles agissent à la fois comme des moteurs mais peuvent aussi nous rendre esclave. Or le Seigneur nous appelle à nous en libérer véritablement. » Et ce n’est pas chose aisée, Étienne Hirschauer le reconnaît volontiers : « Quand je suis arrivé chez Ecodair, je ne connaissais rien à l’informatique, au handicap, à l’insertion et à la vie d’une association. De plus, on me proposait une rémunération sensiblement inférieure avec ce que j’ai pu avoir avant. Quel était mon intérêt ? »

Ecodair une entreprise de reconditionnement de matériel informatique

Les employés récupèrent les pièces détachées et réparent les ordinateurs qui peuvent l’être. Le reste est envoyé en filière de recyclage.

Un « deal avec le Seigneur »

« J’ai donc fait un deal avec le Seigneur, dans ma prière. Je lui ai demandé qu’il ne me donne pas d’orgueil si l’aventure réussissait, mais qu’a contrario, je ne souffrirai pas de l’angoisse et de la responsabilité personnelle si cela plantait, poursuit Étienne Hirschauer. Et c’est là où la liberté intervient. Le projet dans lequel je m’inscris n’est plus le mien, je n’en suis pas esclave car c’est le sien. C’est la seule clé pour être vraiment libre. Cela peut paraître contradictoire, mais c’est parce que le projet dépend totalement de lui et que je suis à son service que je gagne en matière de liberté. » Et c’est là qu’est toute la difficulté.

La subsidiarité pour favoriser la liberté des employés

« Chassez le naturel, il revient au galop ! Cette envie de tout maîtriser, d’être le patron… Ces choses qui vous rendent esclaves sont toujours prêtes à revenir en vous. Cette liberté doit donc s’accompagner d’une proximité avec le Seigneur, notamment à travers la prière régulière. » Quant à la liberté de ses employés, il compte s’appuyer sur les piliers de la pensée sociale chrétienne, comme la subsidiarité. « Mais je suis en cours de chemin, j’ai encore beaucoup à faire sur ce sujet, avoue-t-il humblement.

Mettre la liberté au service du projet Ecodair

Il y a la liberté de chacun, mais cette dernière s’exprime dans un cadre qui est celui du projet commun, dont je suis le garant. Il y a beaucoup de choses de possibles, d’autres non. La ligne à ne pas dépasser se définit ainsi : est-ce que cela va dans le sens du projet commun ou pas ? La liberté n’est pas quelque chose de désordonné, ce n’est pas parce qu’on est libre qu’il faut faire n’importe quoi. Le socle et la pierre angulaire de cette liberté, c’est, selon moi, le Seigneur. C’est lui qui fait de nous des hommes, qui nous montre le chemin de cette liberté. »

La première mission d’Ecodair est l’insertion de personne fragiles

Quand Étienne Hirschauer, son directeur général, en fait la visite, c’est avec un enthousiasme naturel qu’il explique aux visiteurs les missions de son entreprise, un peu particulière. « La première est l’insertion de personnes en situation de fragilité, qu’elles soient en situation de handicap ou éloignées du monde du travail, explique Étienne Hirschauer. Nous avons aussi un objet écologique, puisque notre travail est de collecter des déchets informatiques pour les reconditionner. Par notre travail, nous participons aussi à la réduction de la fracture numérique. Nous sommes capables de vendre nos ordinateurs à des prix très bas, en partenariat avec des associations ou des collectivités… »

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