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Groupe Pochet : vision à long terme et confiance des salariés ont sauvé l’entreprise

De Cecile Labrousse

Le mardi 15 mars 2022

Ce fleuron industriel discret compte parmi les plus vieilles entreprises françaises. Le groupe Pochet aura 400 ans en 2023 ! Cette entreprise, fournisseur de flacons de parfums et d’accessoires pour les plus grandes marques de cosmétique, est une véritable « machine à coûts fixes ». La crise de l’année 2020 aura provoqué une baisse du chiffre d’affaires de 30%. Pourtant, l’entreprise a été sauvée. Grâce à l’effort et à la confiance de ses collaborateurs comme de la vision « à long terme » de son actionnaire et des dirigeants.

Comme beaucoup d’entreprises, le groupe Pochet a vu une baisse significative de son chiffre d’affaires en 2020

Le groupe Pochet compte deux secteurs d’activités principaux : le verre et le plastique. Les accessoires haut de gamme sont le résultat du travail de très nombreux experts talentueux qui permettent à l’entreprise de perpétuer son savoir-faire et sa créativité depuis quatre siècles. Pour Xavier Gagey, directeur général du groupe Pochet, l’année 2020 aurait pu fragiliser l’entreprise si le pari n’avait pas été de se tenir prêt à redémarrer l’activité : « Comme pour beaucoup d’entreprises, la période fut compliquée. Au mois de mars 2020, nous avons connu une baisse drastique du carnet de commande qui s’est traduite par une perte de 30% de nos ventes en 2020… Mais une intuition très forte nous a encouragé à éviter tout plan social… »

Le groupe Pochet, une « grosse machine à coût fixes »

« La fabrication de flacons de parfum et d’accessoires en métal haut de gamme sont le fruit des nombreux talents qui font la réputation de ce fleuron industriel. Pour maintenir des projets au top, le groupe Pochet est une grosse machine à coûts fixes. La réponse aux appels d’offre repose sur une équipe technique d’industrialisation que l’entreprise souhaite garder sur le long terme. Personne n’était alors capable de dire si la crise allait durer 6 mois, 1 an, 2 ans… » explique Xavier Gagey selon qui d’autres actionnaires auraient fait le choix de partir en plan social…

La volonté des dirigeants était de maintenir tous les emplois malgré l’incertitude quant à la durée de la crise

Comment avec une telle baisse de chiffre d’affaires maintenir l'emploi des 2000 collaborateurs dans la partie plastique, et 2000 autres dans le verre ? Devant l’incertitude, c’est le choix du long terme qui a été fait par Xavier Gagey et les dirigeants du groupe Pochet : « Celui de maintenir les équipes pour préparer un rebonds potentiel. « On a alors décidé avec l’équipe de direction de ne pas partir en plan social, de privilégier l’emploi, le rebonds potentiel de l’activité et de profiter de cette crise pour transformer le groupe Pochet en profondeur. » C’est ainsi qu’un important travail de communication interne et de transparence a été entrepris. Les partenaires syndicaux ont été formés à la finance et à la gestion de l’entreprise, et les équipes ont accepté de faire un effort important pour parer au manque de chiffre d’affaires…

Les salariés ont accepté de baisser leur salaire et l’actionnaire a maintenu ses engagements

De nombreux talents perpétuent ainsi le savoir-faire et la créativité de l’entreprise. « Mes équipes ont accepté de baisser leur salaire. Un accord social a alors été signé sur la base d’un accord profond entre collaborateurs et dirigeants. Si la situation s’améliorait il y aurait une redistribution financière pour compenser une partie de l’effort. » explique Xavier Gagey qui, pour ce faire, s’est appuyé sur la confiance qui existait au sein de l’entreprise avant l’arrivée du COVID. Le chômage partiel mais aussi les clients et l’actionnaire ont également aidé l’entreprise à passer ce cap difficile. « L’actionnaire a maintenu ses engagements d’investissement et les a réalisés. L’annulation de la 2e année de l’accord qui était prévu pour durer 2021-2022 et que nous avons arrêté fin 2020… »

Un passage difficile qui aura permis au groupe Pochet de se transformer en profondeur

La groupe Pochet aura 400 ans en 2023. Des périodes difficiles, cette boîte quadricentenaire en a probablement vu d’autres, mais la barre a été tenue. La baisse du chiffre d’affaires aura finalement permis de transformer le groupe Pochet en profondeur. « Dans ma société précédente, personne ne m’aurait autorisé à ne pas faire de plan social. Si l’on n’avait pas mobilisé les personnes et leurs ressources autour d’une transformation collective, nous aurions été incapables de répondre aux besoins des clients lors de la reprise. » explique Xavier Gagey pour qui cette épreuve a interrogé sa position de dirigeant : « En tant que patron, on a tendance à vouloir tout maitriser. J’ai accepté de lâcher prise et de faire confiance aux équipes. Aujourd’hui, le patron ne peut plus tout gérer. Et c’est tant mieux ! »

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