ressources intérieures comment les mobiliser ?

Découvrir ses ressources intérieures pour devenir acteur du changement [Vidéo]

De Les EDC

Le mardi 19 septembre 2023

La paix avec la justice et la dignité de la personne, c'est non seulement une aspiration profonde de chaque personne humaine, mais c'est une des conditions du bien commun. A l'inverse de la paix, il y a la guerre. On peut alors se demander d'où viennent les guerres. L’apôtre Jacques (Jacques 4:1) nous dit que les guerres viennent du cœur de l’homme. Il y a là une invitation à sonder notre cœur et à regarder par quoi il est habité… Un grand enjeu, car nos ressources intérieures peuvent être de grands gisements pour l’action !

Etty Hillesum, femme d’origine juive décédée dans un camp de concentration, est l’auteur de Une vie bouleversée : Journal 1941-1943. A travers les circonstances épouvantables de sa vie, elle a fait un chemin spirituel incroyable...

Pour Etty Hillesum, les ressources intérieures sont de « vastes clairières de paix » à défricher

« Notre unique obligation morale, c'est de défricher en nous-même de vastes clairières de paix et de les étendre de proche en proche, jusqu'à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y aura de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition. » écrivait Etty Hillesum. D’une certaine façon, ces propos nous renvoie à notre propre responsabilité : qu’est-ce que je mets dans le monde ? Mes combats et mes ressources intérieures ? Au fond, une économie de la paix pourrait-elle venir d'acteurs du changement habités par la paix intérieure? On parle aujourd’hui d'habiter ses émotions y compris dans l’entreprise, et d’habiter son corps. Mais il y a une autre dimension qui émerge peu à peu avec les questions de sens, c'est d'habiter sa dimension spirituelle et de puiser dans ses ressources intérieures.

Et si les crises actuelles avaient des racines spirituelles ?

Les guerres dans le monde viennent du cœur de l'homme. C’est assez intuitif puisqu’on sent bien qu'il y a de la violence dans les décisions politiques qui aboutissement aux guerres. Mais si l’on regarde les désordres environnementaux, ce lien-là est moins intuitif. Pourtant, il me paraît intéressant de pouvoir faire un rapprochement entre des désordres extérieurs à nous, dans l'ordre environnemental, et des désordres intérieurs, si on accepte cette expression-là. Or la culture dans laquelle nous sommes, qui résulte de cette économie libérale qui a porté du fruit mais connaît des limites, peut restreindre notre analyse. Pourtant, il y a sans doute un diagnostic à poser au niveau spirituel…

Le reflexe de la solution technique : biais culturel ?

Le pape François, dans l'encyclique Laudato si’, parle du « paradigme techno-scientifique ». Cette idée nous dit que nous sommes atteints par une forme de biais culturel qui nous fait réfléchir par le prisme de la technique. Quand on parle écologie, typiquement, ce dont on parle en premier, c’est du bilan carbone. C’est un outil utile car il peut provoquer un réveil, mais limité pour traiter les solutions qu’il peut induire. On est dans une mentalité d’ingénieurs alors que les réponses anthropologiques à "Qui est l’homme ?" sont très faibles. Or la découverte de ses ressources intérieures a à voir avec cette question.

Sortir de du paradigme techno-scientifique pour découvrir ses ressources intérieures

Découvrir ses ressources intérieures peut passer par prendre du recul pour sentir comment, en nous, il y a des espèces de réflexes de pensée et d'analyse qui sont étroits ou appauvris. Si on dramatise un tout petit peu la question, on dit que ce n'est pas facile avec une culture pauvre de produire des changements importants. D'où, il va falloir aller chercher autre chose, puiser dans nos ressources intérieures pour aller à un niveau plus profond.

Identifier les freins qui nous empêchent de puiser dans nos ressources intérieures

Entrer dans une démarche de fouiller nos ressources intérieures, c’est prendre le risque d’y découvrir également des points de fragilité, des points de faille. Dans les premiers siècles, en Orient et en Occident, on parlait de pathologie spirituelle, ce qui signifiait qu’il y avait quelque chose en nous qui est malade. Ça peut prendre parfois un peu parfois de temps, mais c’est le temps qu’il faut pour sortir d'une approche basée sur « Je suis performant et je vais changer les choses. » Ce qui est vrai aussi. Mais pas que.  Il y a aussi en moi des points de faille ou de fragilité.

Intelligence et la volonté : les deux principales puissances de l'âme

On dit que s'il y a quelque chose qui est malade en nous, parfois, ça peut être un peu plus du côté de l'intelligence ou parfois un peu plus du côté de la volonté. Il peut nous arriver de vivre à côté d'une personne qui va très mal sans s'en rendre compte. Il peut y avoir différents motifs pour lesquels on ne s'en rend pas compte. Mais cette personne qui va mal peut aller jusqu’à ce suicider, sans qu’on l’ait vu venir. Et pourtant, on peur se dire qu’ "il y avait des signaux quand même". Nous pouvons être dans cette situation-là avec la crise écologique : est-ce que notre intelligence capte les signaux ? Si nous n'entendons rien, ça veut dire que notre réceptivité au réel est abîmée. Sans doute cela peut il se travailler.

"Je vois le problème, mais mon intelligence ne voit pas les solutions."

Il y a un problème mais que faut-il faire ? On va dire "Est-ce qu'il faut acheter une voiture électrique ou bien ne plus avoir de voiture ? Je ne sais pas quelles sont les bonnes solutions ! Quelle direction prendre ?" D'où vient cet embarras-là, cette forme de dire "Je n'y vois pas clair." Peut-être, ça veut dire qu'il faut se mettre à travailler la question. Pour beaucoup de personnes autour de nous, pour nous-mêmes souvent, c'est que comme ce n'est pas prioritaire, si ce n'est pas suffisamment prioritaire sur ce sujet, on n'avance pas dans la direction de trouver des solutions, clarifier ce qu'il y a à faire. Il y a du travail à fournir.

"Je ne fais pas le bien que je voudrais"

"Il y a un célèbre passage dans Le Nouveau Testament, peut- être pour ceux qui connaissent, c'est de Paul dans l'Épitre romain qui dit "Le bien que je vois, je n'arrive pas à le faire." Et alors, il demande : "D'où est-ce que ça vient ?" C'est étonnant, humainement. Je suis capable d'identifier un bien à faire et je ne le fais pas. Chacun de nous est confronté à un moment ou l'autre dans sa vie à cette question-là. Ou la version de saint Augustin dans ses Confessions : "Je veux et je ne veux pas." D'où vient cette espèce de duplicité spirituelle en nous ? Qu'est- ce qui est dysfonctionnel?

… Et il y a le "A quoi bon ?"

Aussi du côté de la volonté, je peux parfois me dire "Je vois ce qu'il y a à faire, mais ce qui vient en moi, c'est à quoi bon ?" On peut se demander "Qu'est-ce qui en moi est malade spirituellement ? Dans mes ressources intérieures, qu'est-ce qui est abîmé ? » Parce que tant que je ne le regarde pas en face, ça va être compliqué… Pour aider à distinguer ce qui est blessé ou fragile, il existe un outil intéressant, c’est le discernement.

Ressources intérieures et discernement selon Ignace de Loyola

Et il y a un homme, un Espagnol du XVI siècle qui s'appelle Ignace de Loyola. Ceux qui le connaissent savent qu’il a une vie particulièrement mouvementée, pendant laquelle il a notamment compris qu'il se passait en lui des mouvements intérieurs. Ça nous paraît évident à notre époque, mais à la sienne, c'était une autre affaire ! Et il s’est mis à écouter ce qui se passait en lui : de la joie, de la paix et bien des choses réconfortantes. Il y a des mouvements intérieurs qui nous prennent dans leurs bras, qui nous bercent comme un petit enfant ou nous "consolent". D’autres qui nous emmènent vers de la tristesse ou de l'agitation, de la colère ou de la "désolation".

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Trouver ses ressources intérieurs dans une relecture quotidienne de sa vie

Ignace recommande d’"apprendre à goûter et sentir intérieurement les choses" grâce au silence et à des exercices pour se connecter à ses ressources intérieures. Il existe un petit exercice très simple qu’Ignace d'ailleurs imposait à ses disciples plus que d'aller à l'eucharistie, c'était la relecture quotidienne de leur vie. Il s’agit, chaque jour, de s'arrêter et d’écouter, d’observer ses mouvements intérieurs, de se laisser enseigner par ses ressources intérieures conduire sa vie…

D’après l'atelier des EDC à l'UEED 2023

D’après les propos de Béatrice Castaing de Longueville et du père Etienne Grenet, prêtre et auteur du Christ Vert, animateurs de l’atelier EDC "Être acteur du changement : nos ressources intérieures" du 30 août 2023. Le thème retenu pour la 4e édition de l’UEED (Université d’été pour l’économie de demain) organisé par le mouvement Impact France était la paix économique.

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